PHOTO BOUDJELLAL CHARLIE
Un jour après l'attentat tragique qui a coûté la mort à douze personnes au siège du journal Charlie Hebdo, Mourad Boudjellal est venu en conférence de presse ce jeudi à Berg pour faire part de son désarroi. « C'est impensable de mourir criblé de balles en France. Ça ne doit pas exister, ça. Surtout pas quand on est journaliste, humoriste ou quand dit ce qu'on pense » a confié le président du RCT, très touché. Une tristesse d'autant plus forte qu'il connaissait bien certains des caricaturistes décédés.
« Abattu par des beaufs de l'Islam »
« Cabu a eu deux personnages qui ont marqué sa carrière : le grand Duduche et le beauf. Et je pense que ce sont des beaufs de l'Islam qui l'ont abattu, a continué l'ancien patron des éditions Soleil Productions. Ils n'ont rien compris. Il y a quelques années, on aurait abattu des mecs comme Coluche, (François) Cavanna ou le professeur Choron. Pour reprendre le slogan d'Hara-Kiri, c'est une mort bête et méchante. Leur rendre hommage ? un Cabu ou un Charb auraient dit "il n'y a que les gros cons qui rendent hommage", admet-il, au bord des larmes. La meilleure façon de le faire, c'est que les gens se rapprochent au lieu de se déchirer ».
Né à Ollioules d'un père algérien, Boudjellal a peur des représailles. « Ce sont des crétins qui font mal à tous les Arabes. Je sais qu'on va en prendre plein la gueule. Après les attentats du 11 septembre 2011, ma grande fille en avait pris plein la gueule ». Il aimerait ainsi que des amalgames soient évités, lui, qui a « mené une guerre d'intégration », sans avoir « besoin d'utiliser des kalachnikovs ».
« On est un peu des dealers de bonheur »
À deux jours du choc entre Toulon et le Racing, il sait aussi que le sport peut permettre de penser à autre chose. « Le rugby est une addiction qui nous permet de tout oublier. Sur le moment, pendant 80 minutes, on en a rien à foutre de la vie. Le public vient aussi pour ça, c'est un échappatoire. On est un peu des dealers de bonheur, de joie et de peine. Mais tout ça n'a pas de grande valeur ». Interrogé également sur la tragédie, Bernard Laporte, le manager du RCT, était lui aussi très marqué. « Je suis Charlie comme tout le monde aujourd'hui. Je suis écoeuré et triste. On ne peut pas accepter ça. Je dis non à ça, comme tous les Français. Après, nous, sportifs, on est des privilégiés», conclut-il. Car dans ce cas-là, le sport passe bien au second plan.
|