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Fin août 2013, quand le Hyères Toulon Var basket a effectué la présentation de son équipe première, ses têtes pensantes savaient qu'ils prenaient un risque en confiant les rênes à Laurent Legname, inexpérimenté à la tête d'une formation de Pro B. Pourtant, Roland Palacios, le président, et Philippe Legname, directeur général et père de l'intéressé, ne doutaient pas un instant de la réussite de cet enfant du club qui a joué quinze saisons au niveau professionnel avec le HTV.
Bien leur en a pris puisque, six mois plus tard, le pari a déjà payé. Objectif du 16ème budget du championnat, le maintien est assuré alors qu'il reste quinze journées, l'équipe est toujours en course en coupe de France et son jeu est loué par les observateurs. Les supporters ne s'y sont pas trompés non plus puisqu'ils reviennent en masse, que ce soit au Palais des Sports de Toulon ou à l'Espace 3000 de Hyères.
« Un état d'esprit qui me ressemble »
Si le HTV en est là, Legname fils est sans doute le principal responsable, même s'il s'en défend, répétant sans cesse que « ce sont les joueurs qui commandent sur le terrain ». Mais le coach varois a su bâtir une équipe, avec un vrai fond de jeu, basé avant tout sur la défense. « Pour avoir de bons résultats, ça passe par une défense agressive, déclarait-il il y a quelques semaines en conférence de presse. Si tu es costaud en défense, tu es plus en confiance en attaque et ça t'aide sur les shoots ». Pour cela, il ne laisse rien au hasard, comme le confirme le meneur Axel Julien. « Sa marque de fabrique, c'est que lorsqu'on rentre sur le terrain, on sait ce qu'on a à faire. Il insiste beaucoup sur certains points, comme la défense, on fait pas mal de séances vidéo ».
Sur son banc, le coach toulonnais n'hésite pas à donner de la voix, même quand son équipe possède 20 points d'avance, afin qu'elle soit toujours à fond. « Je suis très exigeant envers moi-même et envers les joueurs. Je voudrais que tout soit parfait ». Il sait bien que c'est impossible mais ce qu'il lui importe avant tout, c'est que ces hommes ne lâchent rien. Car ne rien lâcher, c'est son leitmotiv : « Quand j'étais joueur, ma qualité première était d'avoir toujours envie. Je suis persuadé qu'avec un état d'esprit irréprochable, on peut faire de belles choses. Du coup, je peux pardonner beaucoup de choses, des pertes de balle, des tirs ratés, les mauvais choix mais pas de ne pas se battre sur le terrain. En ce sens, c'est vrai que les joueurs ont un état d'esprit qui me ressemble ».
Le message est donc bien passé sur le terrain puisque le HTV a plusieurs fois renversé la tendance cette saison, comme ce fut le cas contre Fos-sur-Mer il y a quelques jours. « Il tente de nous inculquer le basket qu'il faisait quand il était joueur : simple, intelligent et un peu "guerrier". Et ça marche » dit Julien. « Si on en est là, on le doit à Kyle (Milling, l'adjoint) et à Laurent » enchaîne Clément Cavallo, qui est sans doute le joueur varois qui connaît le mieux le Hyérois pour l'avoir côtoyé en tant que joueur puis entraîneur à l'Université.
Laurent le grand frère
Ce type aux cheveux courts qui encadre, et recadre, des jeunes pourrait faire penser à un éducateur qui sévissait dans une célèbre émission télévisée. Laurent Legname a-t-il un rôle de grand frère ? « Dans un sens oui, admet Cavallo. Il est toujours derrière nous, il nous parle, il nous remet dans le bain. Je pense que nous, les jeunes, on est réceptifs à ce qu'il nous dit ».
« J'essaie de faire tout pour mettre les joueurs en confiance, répond Legname, qui semble acquiescer ces louanges sur sa façon de manager, car c'est un facteur très important dans le sport de haut niveau ». Cavallo tient à apporter une nuance : « Il reste quand même dans son rôle d'entraîneur dans la mesure où il ne fait pas dans le sentiment. Il n'a pas peur de dire les choses, que ce soit en face-à-face ou dans le vestiaire. Il est carré avec tout le monde et c'est ce qui fait avancer le groupe. »
Reste désormais à aller encore plus loin. Legname, sa méthode et ses joueurs travaillent dans ce sens.
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