Samedi après-midi à Caen, le Toulon Tous Ensemble disputera la première finale de championnat de France de son histoire face au KB United. Seulement six ans et demi après sa création ! Retour sur le parcours fulgurant du club toulonnais avec son président, Sassi Ben Naceur.
Saison 2008-2009 : Les débuts à Saint-Roch
L'histoire commence en décembre 2008. Avec quelques amis, on a décidé de monter en équipe de futsal. On était affilié à l'UNCFS (Union Nationale des Clubs de FutSal), qui avait des règles un peu différentes du futsal FIFA, celui que l'on dispute actuellement. Par exemple, les touches se faisaient à la main, comme au foot à onze. À l'époque, on jouait sous le nom de "International Saint-Roch", en rapport avec notre quartier. On avait fait une bonne saison. On avait d'ailleurs gagné un tournoi international, ce qui avait fait parler de nous dans le journal. Le problème, c'est que l'UNCFS n'avait pas trop de pouvoir et on avait pas notre propre gymnase. Toutes les rencontres se jouaient à Sainte-Musse. Quoiqu'il en soit, le niveau n'était pas exceptionnel mais ces six mois nous ont beaucoup servi pour la suite.
Saison 2009-2010 : Première montée
La saison suivante, le District du Var, dépendant de la Fédération Française de football et donc de la FIFA, a demandé à tous les clubs UNCFS de le rejoindre. Ce qu'on a fait, sous le nom de notre association, Toulon Tous Ensemble. Une trentaine d'équipes était affiliée au District et du coup, des championnats ont été créés, avec deux niveaux. En fonction de nos résultats en futsal UNCFS, on a été mis en 1ère Division. On termine second, derrière Carqueiranne. Les deux équipes sont montées en championnat régional. Cette saison-là, on gagne aussi la Coupe du Var.
Saison 2010-2011 : La saison charnière
En DH, ce n'était pas gagné d'avance car il y avait beaucoup d'équipes qui avaient plusieurs années de futsal derrière elles. Nous, on était tout nouveau. Mais on a lutté jusqu'au bout avec Port-de-Bouc, qui descendait de D1, et on a fini champion régional. Tout en gagnant une nouvelle fois la Coupe de France contre Carqueiranne. À l'époque, c'était les six meilleures équipes de DH (sur 22) qui montaient et on était la 5ème ou 6ème. C'était juste mais c'est passé. En moins de trois saisons, on accédait au championnat de France !
Pour moi, cette année fut la plus importante de l'histoire de Tous Ensemble. Un tournant. Car en début de saison, la Ligue avait modifié les règlements et un joueur de foot à onze ne pouvait pas jouer en futsal au niveau DH. Ça concernait plusieurs de nos joueurs, dont Farah Gouled, notre capitaine qui est toujours au club ou Carmine Marciano. Soit on refusait de monter et on faisait une année de plus en District, ce qui permettait à tout le monde de jouer. Soit on restait en DH en s'appuyant sur des joueurs qui n'avaient pas de licence ailleurs. Il fallait trancher et j'ai choisi la seconde option. Je me disais que ce serait plus simple de se maintenir en DH que de jouer la montée en District, le temps que ces histoires de double licence se règlent. Et j'ai bien fait. Je remercie d'ailleurs des gars comme Amir Boisserie, qui était notre gardien, et des jeunes comme Thomas Auclaire et "Bastos" (Robert Rakatomalala) qui évoluaient à l'époque au Sporting Toulon mais qui ont préféré faire la saison avec nous.
Saison 2011-2012 : Thiago Souza, le précurseur
Voilà la première saison dans l'élite. On savait que ce serait très dur face à des clubs qui jouaient au futsal depuis dix ou quinze ans, avec des internationaux, des étrangers. Un autre monde. Comme on était persuadé d'avoir franchi une étape trop vite, on a décidé de faire une collaboration avec le club de Carqueiranne. Trois de leurs joueurs nous rejoignent, tout comme Michaël Candida, entraîneur des gardiens et Rachid Chachou, qui devient notre nouvel entraîneur et nous apporte ses connaissances du futsal. Le début de saison est très compliqué, on enchaîne les défaites, ça ne se passe pas bien avec les trois joueurs de Carqueiranne ... On voit qu'on court à la catastrophe.
En novembre, on décide de recruter un joueur étranger. Je regarde des vidéos sur internet, je demande un peu d'aide à d'autres clubs de D1 et là, le Président de Paris Métropole me parle de Thiago Souza, un Brésilien qui a joué dans son club l'année précédente. Il nous met en relation et Thiago débarque à Toulon. À ce moment-là, on apprend le futsal ! Les combinaisons, les déplacements ... Dès qu'il arrive, on se met à faire des résultats plus positifs. Comme notre situation restait délicate, on prend deux autres Brésiliens en janvier : Joney Herbert, que l'on avait déjà vu jouer lors d'un tournoi, et Vinicius, que connaissait Thiago. Prendre ces trois étrangers, ça a été un choix gagnant puisqu'on s'est maintenu même si c'était à la dernière journée.
Saison 2012-2013 : Direction la poule unique
La saison suivante, pour obtenir son maintien, c'est encore plus dur car il faut finir dans les six premiers (sur douze) du groupe avant le passage à une poule unique. Et comme dans le Var, on manque d'expérience, on se dit qu'il faut aller la chercher ailleurs. On prend Alaeddin Aouni, Aurélien Heuninck, le gardien Riad Karouni qui avait joué en équipe de France, plus deux Espagnols, Diego Heredia et Juanito. Là encore, le début de championnat est difficile. En plus, Aurélien se blesse rapidement et ça ne colle pas du tout avec Riad donc on se sépare de lui dès le mois de décembre. Du coup, on part à la recherche d'un nouveau gardien.
Avec Mica (Candida), on passe des nuits à regarder des vidéos sur internet et on tombe sur Alen Mordej, un gardien slovène qui nous contacte via facebook. Avec sa voiture, Mica part en Slovénie pour le voir jouer et me dit que c'est une bête. Il avait raison car Alen nous a fait des sacrés matchs. On recrute aussi un autre Allen, Lucena, un Brésilien avec beaucoup d'expérience en défense. Et là encore, ces deux paris ont été concluants puisqu'on se maintient et on accède à la poule unique de Division 1, le Top 12.
Saison 2013-2014 : La filière de l'est et un coach italien
Pour cette poule unique, on a pris la décision de se séparer de Rachid Chachou. Des joueurs comme Juan, Diego, Alen, Thiago étaient plus expérimentés que lui et ça commençait à être tendu. En plus, c'était compliqué pour lui par rapport à son travail et il avait raté trois matchs en fin de saison. Son remplacement a pris du temps car on cherchait la bonne personne. On a reçu beaucoup de candidatures mais je voulais un entraîneur avec un vrai vécu de futsal, pas un coach qui avait appris le sport dans les livres. On tombe sur Felice Mastropierro, qui avait une belle expérience de joueur en Italie et en Espagne et qui avait mis un terme à sa carrière pour être entraîneur. Il colle à la philosophie qu'on voulait mettre en place et on s'engage ensemble.
En attendant que Felice arrive, le timing était serré et on a dû faire le recrutement nous-même, avec Michaël. Après la bonne surprise Alen, on décide de s'orienter vers des joueurs de l'est. Il nous fait rencontrer plusieurs joueurs slovènes, Dejan Bizjak, Ales Vrabel, Seb Drobne et le Serbe Aleksandar Zivanovic, qui nous rejoignent. Un club français, avec un coach italien, des joueurs slovènes et varois, ce n'était pas évident sur le papier. Mais tout le monde y a mis du sien et cette première année avec Felice est plutôt réussie avec une 6ème place en championnat et une demi-finale de Coupe de France. On perd 6-5 contre le KB United alors qu'on mène 3-0 à la mi-temps et qu'on domine le match. Une vraie déception.
Saison 2014-2015 : Objectif play-offs ... plus qu'atteint
Au vu de l'investissement de Felice, on a décidé de continuer l'aventure ensemble. On lui a également payé sa formation d'entraîneur diplômé, tout comme Karim (Deman, son adjoint). Je le dis car j'attache beaucoup d'importance à la fonction d'éducateurs. L'idée, c'est de développer un centre de formation comme l'école U8-U9 qu'on a créée en début d'année. Bref, Felice souhaitait des joueurs qui allaient plus avec le style de jeu qu'il voulait inculquer. On a donc pris des Espagnols et des Brésiliens, Juanito et Vini sont revenus. L'équipe a un côté plus "latin".
La perspective des play-offs, une première dans notre championnat, nous motive vraiment et devient l'objectif dès le début de saison. Pour une fois, on démarre bien malgré les blessures et au final, on termine sur le podium, même si on arrive pas à s'imposer contre les autres équipes de tête, le Sporting, Douai et le KB.
En demi-finale du championnat, on affronte Douai et là, on fait un très très gros match, dans un contexte tendu et on s'impose. Quand on gagne et qu'on se qualifie pour la finale, je saute de joie et après, je pense à tout ce qu'on a vécu depuis le début. Chaque saison est plus belle que celle d'avant, ça montre que le club évolue. Et on veut que ça continue. On va tout faire pour en tout cas. La prochaine étape ? On espère que ce sera la Coupe d'Europe, si on devient champion de France samedi face au KB United.